Quel rapport peut-il bien y avoir entre Neil Armstrong, Alberto Giacometti, Christian Bobin et l’aveugle de Bethsaïde à qui Jésus donne la vision des hommes?
Par Laure Barbosa
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1969-2019, le 21 juillet de cette année aura lieu le 50e anniversaire de la mission Apollo 11. Cette étape marquante de l’histoire des sciences et des techniques a propulsé l’ambition humaine de l’exploration spatiale aux confins de l’univers : « Un petit pas pour l’homme, un pas de géant pour l’humanité », vraiment ?
Et quel est donc cet autre homme qui marche inlassablement sur nos billets de 100 francs ? Sculpture en bronze, chef-d’œuvre emblématique de Giacometti, statue la plus chère jamais vendue aux enchères. Mais quel élan anime ce personnage lunaire, silhouette filiforme, émouvante nudité en fragile équilibre dans l’énigme d’un corps mouvant comme retenu par son ancrage au sol, figé dans une posture de détermination penchée vers le progrès.
Christian Bobin à son tour convie le lecteur sur les pas de L’Homme qui marche, promenade initiatique d’un court récit : « Il marche. Sans arrêt, il marche. Il va ici et puis là. Il passe sa vie sur quelque soixante kilomètres de long et trente de large. Et il marche. Sans arrêt. On dirait que le repos lui est interdit. Ce qu’on sait de lui, on le tient d’un livre. Avec l’oreille un peu plus fine, nous pourrions nous passer de ce livre et recevoir de ses nouvelles en écoutant le chant des particules de sable, soulevées par ses pieds nus. Rien ne se remet de son passage et son passage n’en finit pas… »
Et si commencer à entrer dans le regard de Dieu, c’était voir les êtres en devenir vers une destination à laquelle ils aspirent sans toujours parvenir à la nommer. Si le regard de la foi donnait d’apercevoir les gens, comme des arbres qui marchent, portés par l’espérance dans cette force de vie qui déborde l’espace et le temps. Comme cet aveugle guéri par Jésus, sa salive aux paupières, et ainsi restauré en sa vision prophétique archétypale : « Je vois des hommes, car je les vois comme des arbres qui marchent… » (Marc 8, 24) Des hommes en marche, enracinés mais en mouvement, les pieds sur terre, la tête dans la lune et des étoiles plein les yeux.