Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), novembre 2020
Par Dominique Perraudin | Photo: www.seraphim-marc-elie.fr
Comment à partir de la foi comprendre l’incompréhensible mystère de la mort? Comment entrer en dialogue avec nos défunts? Pourquoi ce passage de la vie terrestre à la vie éternelle nous fait-il si peur? Avec le surgissement de la mort, tant de questions sans vraies réponses se pressent. La mort fait souvent peur. On en a parfois même fait un tabou. On la préfère aux oubliettes… et pourtant elle nous côtoie chaque jour.
Lors de la disparition d’une personne âgée, nous sommes dans la tristesse bien qu’il semble que son départ soit dans la nature des choses. Cependant, lorsque la mort frappe une personne plus jeune – qui plus est un enfant – alors la révolte gronde en nous, pourquoi donc ?
Deux de mes frères sont décédés alors qu’ils étaient très jeunes. Mes parents ont beaucoup souffert de ces séparations. J’ai mieux compris, à ce moment-là, ce que pouvait signifier pour une maman ou un papa de perdre un enfant. Malgré ces épreuves, mes parents ont conservé la foi : cela a été pour moi un exemple de vie et d’amour. Mais comment ne pas laisser le désespoir nous envahir ? Comment permettre à la relation avec nos défunts de se poursuivre sans perdre pied ? Comment rester en communion ?
En relation dans la prière de chaque jour. – Ne parlons pas d’occultisme ou de rencontres par le biais de médiums. Non, je crois qu’il suffit de prier avec confiance pour cultiver notre lien avec nos défunts. Personnellement, chaque soir et chaque matin, je concentre mon esprit en me rappelant tous les beaux épisodes de la vie que j’ai vécus avec eux et je me persuade qu’ils sont heureux. Chaque jour, je prie avec eux pour qu’ils demandent au Père céleste la possibilité d’être à nouveau tous réunis. Je me dis qu’au paradis, Jésus ne séparera pas ce qu’il avait si bien uni sur la terre !
Je prie aussi Jésus pour qu’il prépare de très larges places aux enfants privés de la vie terrestre avant même leur naissance et à ceux qui meurent sous les bombes de la folie des hommes. Je demande à Marie qu’ils soient là pour m’accueillir le jour où je quitterai cette terre. La nuit venue, je ferme les yeux qui s’alourdissent. Je vois défiler tant de belles choses que la vie m’apporte chaque jour et je m’endors. Le matin au réveil en priant et en remerciant le Seigneur Jésus, la Vierge Marie et saint Joseph pour la belle nuit que j’ai passée, je dis « bonjour ! » à mes parents, à mes frères, à tous mes amis décédés. Je leur souhaite une bonne journée. Je demande à saint Joseph d’être mon guide et mon patron, la paix, la joie envahissent alors mon esprit. Je sens que toute ma famille est présente à mes côtés, et c’est reparti pour une nouvelle journée.
Certains diront que je suis un peu fou mais, c’est bien mon style d’honorer comme je le fais la mémoire des défunts et de dialoguer ainsi si spontanément avec eux. Cela ne me rend pas triste. Au contraire je suis simplement heureux de savoir qu’un jour, je les rejoindrai.