L’expression est goûteuse: «Venir mettre son grain de sel!» mais n’est pas toujours perçue positivement… Pour leur part, les associations SEL, acronyme de Systèmes d’Echanges Locaux, elles, apprécient particulièrement, justement, que chacun puisse venir mettre le sien… En effet, plus nombreux sont les grains de SEL de chacun, plus l’association est florissante. Mais qu’en est-il du SEL martignerain, le «SEL des Dranses»? Rencontre avec une des responsables, Gwendoline Noël-Reguin.
Par Gwendoline Noël-Reguin, coresponsable SEL des Dranses
Photo: DR
Un matin, en regardant les messages postés sur le SEL des Dranses, j’ai été interpellée par l’annonce suivante : « Je recherche un panier à couverts pour mon lave-vaisselle de dimensions 13 x 26 cm au maximum. Merci. » Je me prends à sourire… Qui va répondre à une telle annonce ? Le lendemain, quelle n’est pas ma surprise de découvrir que quelqu’un a déjà répondu à l’annonce et a trouvé le panier demandé…
Une autre fois, je poste moi-même le message suivant : « Pour faire du savon, je cherche des tubes de chips. » Le jour même, une « selliste » sonne à ma porte, les bras chargés de plus de 10 tubes. On fait connaissance… Plus tard, la confiance installée, elle accepte de garder l’une de mes filles pendant que je suis occupée au travail.
Un SEL : un réseau d’échange. – Celles et ceux qui en font partie mettent à disposition des autres membres leurs compétences, leurs savoirs, leurs connaissances, leurs biens ou un peu de temps. Actuellement, tout se passe sur le site internet. Soit on présente une demande, soit on offre un objet ou un service… Libre ensuite à un des membres de prendre contact avec la personne qui demande ou qui offre.
Un univers hors marché – Pour les « sellistes », seul le temps est important. C’est ainsi que l’on gagne des perles. C’est l’unité d’échange du SEL des Dranses. Pour une heure de travail, on reçoit ou on donne 20 perles, indépendamment du travail exécuté. Le temps de la femme de ménage a ainsi la même valeur que celui de l’avocate, le temps de l’ingénieur la même valeur que celui de l’étudiant. Pas d’argent dans les transactions : c’est le temps que l’on passe à agir pour l’autre qui compte.
Un réseau ouvert sur l’extérieur. – Hébergé sur la plateforme romande enlien.ch, 22 SEL de Suisse romande sont ainsi reliées les unes aux autres, de la Côte au Val d’Hérens, en passant par Moutier ou Yverdon-les-Bains. Lorsque je publie mon annonce, je peut choisir de rester en terrain local ou au contraire de l’étendre à tout le réseau.
Le principe de base. – Il est simple : nous avons toutes et tous des compétences à offrir, même si elles ne sont pas toujours d’une très grande valeur économique. La force vient du réseau qui permet à chacun de développer des compétences sociales. Ainsi je peux offrir mes compétences en poterie à Paul, qui offrira ses services informatiques à Suzanne, qui elle-même aidera Marc à faire ses vitres, et lui viendra réparer mon vélo. Mais le SEL s’inscrit aussi dans une logique de partage des appareils, des objets ou des savoirs, voire de recyclage quand on donne des biens dont on n’a pas ou plus l’utilité.
L’humain au centre. – Même si le SEL se veut apolitique et areligieux, j’y trouve des résonances avec mon engagement de chrétienne : remettre l’humain au centre en valorisant ce qu’il est, en tissant des liens et en renouvelant la confiance, limiter l’impact écologique de ma vie courante sur la Création de Dieu, vivre et partager plutôt que consommer et thésauriser. C’est certain, avoir mis du SEL dans ma vie lui donne plus de saveur.
Intrigué ? Convaincu ? Tenté ? – Pour accueillir les nouveaux et nourrir les liens entre tous, une réunion a lieu le 18 de chaque mois. → Prenez contact avec nous : seldesdranses@gmail.com